Éloge de l’amour, la philosophie au service du leadership transformationnel

En cette chaude journée d’été, j’ai envie de partager avec vous quelques grammes de lecture qui ont mis du soleil dans mon cœur…avec la pensée que cela pourrait en mettre aussi dans le vôtre : un éclairage différent pour appréhender le comment mieux travailler ensemble et accueillir la diversité dans l’entreprise.

Il s’agit d’Eloge de l’Amour, qui reprend un entretien public entre le philosophe Alain Badiou et le journaliste Nicolas Truong qui s’est tenu à l’occasion d’un Festival d’Avignon.
Alain Badiou y évoque les menaces que font peser la société libérale et libertaire avec son exigence de sécurité et d’obligation de résultat, sur l’amour, induisant qu’il est devenu un risque inutile.

Il suggère ainsi de réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le confort. « L’amour est cette confiance faite au hasard »…Posture d’ouverture si il en est, accueil dans l’ici et maintenant!

Il parle de cette expérience unique et universelle qui est d’aborder « l’être de l’autre», expérience de vérité sur ce que c’est d’être deux et non pas un, dans la différence et non dans l’identité figée par le connu et la peur de l’incertitude. N’est-ce pas cette diversité, cette surprise que nous vivons continuellement, à chaque contact, à chaque échange avec un autre ?

S’en suivent de belles pages sur la rencontre, son commencement, sa durée, des liens avec les mondes de la politique et du théâtre à travers le prisme d’autres conceptions philosophiques du sujet.

J’ai aimé cette notion de contre-épreuve face à la montée des individualismes, la concision et la force de son propos.
Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Quels liens avec le management, les compétences relationnelles du leadership tranformationnel ? On a déjà du mal à se parler, à travailler ensemble, on ne va pas nous obliger à s’aimer en plus ?!
Amour et Management font-ils bon ménage ? Drôle de question j’en conviens !…Que je ne m’étais jamais posée en ces termes jusqu’à présent. Pourtant, à la lecture de cet essai des liens sont apparus comme une évidence avec la manière de concevoir les relations humaines dans l’entreprise, ciment de la cohésion et de la performance.
Bien entendu, il ne s’agit pas de « s’obliger », simplement se montrer curieux, s’ouvrir à un autre espace de réflexion, rafraîchir sa pensée et son regard pour envisager d’autres possibles.
Le sujet de la diversité avec ses différences est un thème qui préoccupe les entreprises, la cohésion d’équipe en est un autre avec comme trame de fond l’efficacité, la performance.
Pourquoi est-ce si difficile de travailler ensemble parfois ? Comment vivre au quotidien en les incarnant les valeurs affichées dans l’entreprise de confiance, de solidarité, de dialogue ?
Peut-être parce qu’il y a une confusion sur le sens du mot « alter-ego ». Nous l’interprétons, en ne conservant du mot que égo-, comme « pareil que moi » au lieu de porter notre attention sur alter-, «l’autre », et donc différent.
D’où ces confusions, confluences, projections et autres jugements qui sont autant d’obstacles à la relation, à l’amitié, à l’amour. « Dans l’amour, minimalement, on fait confiance à la différence au lieu de la soupçonner. Et dans la Réaction, on soupçonne toujours la différence au nom de l’identité ».
Or bien souvent la réactivité est à l’œuvre dans la justification, le rejet ou l’évitement à nommer ce qui se passe pour soi dans la situation. Vous pouvez l’observez lorsque la personne en face de vous répond du tac au tac, sans avoir pris le temps de se laisser ressentir par ce qui est dit et identifier l’endroit touché qui génère cette réactivité quasi épidermique.
« C’est l’égoïsme qui est l’ennemi de l’amour, non le rival. On pourrait dire : l’ennemi principal de mon amour, celui que je dois vaincre, ce n’est pas l’autre, c’est moi, le « moi » qui veut l’identité contre la différence, qui veut imposer son monde contre le monde filtré et reconstruit dans le prisme de la différence »
Mieux se connaître est une des voies pour développer ses qualités « humaines », émotionnelles, sensorielle, relationnelles. C’est une opportunité pour essuyer ses lunettes pour regarder et accueillir l’Autre, dans sa différence, comme un autre moi, avec son lot de représentations et de croyances. Se parler, non pour se jeter ses différences à la figure, dans un bras de fer pour avoir raison sur l’Autre, mais pour comprendre son cadre de référence, trouver le meilleur ajustement dans la relation et pouvoir travailler plus sereinement ensemble…et donc plus efficacement.
Je ne peux m’empêcher d’imaginer ce rêve réalisable, car je conçois l’entreprise comme une aventure humaine collective au service d’un projet. L’expérience du vivre et travailler ensemble me paraît cependant plus fondamentale que l’objectif de C.A court-termiste en soi à atteindre, sur l’échelle d’une vie j’entends. Dit autrement, le processus pour atteindre l’objectif me semble plus déterminant que le contenu stricto sensu pour,précisément, réaliser le projet.
J’ai expérimenté que la manière ou non de s’inscrire dans une attention au processus relationnel a un impact déterminant sur l’atteinte des objectifs, la performance et surtout sa durabilité. Quand finalement, j’incarne et partage avec les clients, en coaching, en team-building ou en formation, avec mes mots, ce dont parle Alain Badiou, un nouveau advient qui nous mobilise, nous implique et nous stimule collectivement.
Je reconnais que c’est une tâche bien ardue dans un environnement relationnel, éducationnel professionnel et socioculturel qui cultive les obstacles à la relation par l’entretien, voire l’encouragement de la comparaison, l’interprétation, la généralisation, le jugement, la projection, la pensée pour l’autre et j’en oublie…Il n’est pas trop question d’Amour dans ces modes là et nous en mesurons les conséquences dans le niveau de stress, la violence des rapports sociaux, la souffrance au travail! Alors si nous essayions d’emprunter une autre voie ?
« L’amour est une aventure obstinée » écrit Alain Badiou, la vie de l’entreprise l’est tout autant !
C’est pour cela que je vous invite à prendre le temps de goûter ce livre, de laisser ses mots se déposer en vous pour découvrir et laisser couler la source vive de votre énergie pour guider vos pas, à la rencontre de l’Autre, dans sa différence, dans l’Amour.

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